S’éveiller à sa vraie nature : du monde clos à l’univers infini
Notre expérience ordinaire est loin d’être spontanée, elle serait même plutôt une réaction en chaîne : le produit de nombreuses adaptations dont la plupart remontent à avant notre naissance. Les distorsions qui se sont installées dans nos perceptions et nos représentations nous échappent presque totalement. Ce n’est que lorsqu’elles deviennent source de souffrance que nous entrevoyons leur existence: en ressentant le frottement de nos propres résistances aux situations / rencontres, et les limitations que cela implique…
Un manque profond nous taraude de loin en loin, comme un improbable désir sans objet que rien au monde ne peut combler, les tentatives que nous faisons pour nous compléter ou nous “remplir” ne débouchant nulle part… La “vraie vie” semble parfois absente, ce qui nous laisse vides et démunis. Ce manque n’est-il pas justement le fil qui nous tient lieu de chemin oublié, de lien vers notre innocence fondamentale, notre cœur sauvage ?
La quête intérieure commence lorsque nous prenons conscience de notre propre ignorance – ignorance fondamentale de ce que nous sommes vraiment et de notre place dans l’univers. Même en additionnant les définitions, rôles et fonctions cumulés dans notre vie, nous n’obtenons pas notre identité propre. Il se pourrait même qu’elle se dérobe de plus en plus. La vérité ne peut être un contenu de pensée, ni un état mental /émotionnel de plus, ni le résultat d’une longue équation ou sublimation, qui viendrait remplacer ce que nous sommes aujourd’hui. Une stratégie de “réalisation” (sadhana) ne peut partir de l’extérieur ni aller vers l’extérieur, comme les autres quêtes que nous menons, du matin au soir. C’est une approche diamétralement opposée à tout “développement personnel”. Ici, il n’y a rien à augmenter ni à diminuer, à acquérir ou à éliminer.
Nous ne pouvons que partir du dedans : du pur sentiment d’exister (bhavana), de notre souffle, retournant littéralement notre regard vers l’intérieur pour pénétrer cet espace tels des explorateurs interstellaires. Tel est le geste fondamental du yoga. A l’origine, rien de nous manque. Notre cœur contient tout l’univers. En ce point mystérieux l’infiniment petit et l’infiniment grand convergent, se touchent et se confondent dans une pure intuition, incompréhensible et inexprimable. C’est ce que disent les anciens textes…
Fondamentalement, rien ne nous manque. A l’inverse, la réalité déborde ! “Plénitude” en tous sens, et même si on l’ôte, elle demeure inchangée, indéfectible [ Isha Upanishad ]. Dès le départ, nous sommes complets. Notre vraie nature est parfaite et pour toujours intacte. Seulement, nous avons fait un petit pas de côté et perdu de vue cette évidence. Perdu de vue seulement. Il nous suffit de la “reconnaître”. Cela ne demande aucun effort. Seulement de réorienter notre attention et notre intention, et de laisser se défaire les “nœuds du cœur”… [Katha Upanishad]
Au départ, nous sommes un peu comme Mulla Nasrudin qui cherche sa clé devant chez lui – bien qu’il l’ait perdue dans sa maison – parce qu’il y a plus de lumière dehors… Rester dans nos zones de confort et nous reposer sur les autres semble d’abord plus facile, mais devient intenable sur le long terme. Vient un moment où nous devons faire un saut dans le vide, nous accorder notre propre confiance et assumer de mettre au jour notre propre trésor : la reconnaissance de notre propre nature (adyatma) comme source de toute lumière. Le “yoga” désigne à la fois le processus de “retour” à notre forme propre (svarupa) et sa culmination : l’effacement de l’oubli qui en découle. “Celui qui sait ainsi” est immergé dans la “Plénitude”. La connaissance ultime ou sapience (prajña) est un non savoir [ sans sujet ni objet ni opération de connaissance] une inconnaissance qui englobe intuitivement tout le réel, sans séparation ni limitation, et où tout a la saveur de la tranquillité [asamprajñata samadhi].
Atelier de pratique réflexive et méditative
Professeurs et pratiquants réguliers
Professeurs & pratiquants réguliers
Engagement et participation active requis : étude de soi et des textes, mise en relation concrète avec notre pratique et notre vie. Pour intégrer les notions spécifiques du yoga dans notre approche et notre perspective nous devons nous les rendre familières. Il n’est pas question de mémoriser un tas de mots sanskrits, mais d’entrer dans l’intimité de l’expérience vers laquelle ils pointent.
Projet en cours d’élaboration.