Faut-il être souple pour faire du yoga ? Ou bien est-ce que le yoga rend souple ? Voulez-vous vraiment devenir malléable comme un morceau d’élastique ? Aussi souple qu’un chat ?
Les anciens yogis ont bien observé les animaux. Les chats sont experts en relaxation. Très joueurs et grands dormeurs, ils peuvent devenir très vifs et féroces en un éclair. Est-ce qu’ils sont plus élastiques que nous ? Pas sûr, mais ils sont plus détendus et plus près de leurs ressources, c’est une évidence. Le yoga ne nous demande pas d’être souple ni de le devenir, et n’a pas pour vocation de nous rendre souple non plus. Son enjeu n’est pas de vous emmener d’un état A à un état B, puis éventuellement à un état C. L’idée serait plutôt de voyager tranquillement à votre rythme juste pour le voyage, sans attente ni appréhension, et d’explorer vos propres capacités, en étant extrêmement présent et attentif, quoi qu’il arrive. Il ne serait pas surprenant, que ne cherchant rien, vous trouviez un passage inconnu vers l’ouverture et la liberté, pas seulement tissulaire, mais totale.
Il n’y a qu’un seul moyen d’en faire l’expérience, c’est d’en faire l’expérience !
Montez déjà sur le tapis et joignez vos pieds. Ce n’est pas si facile, regardez bien : est-ce que vous joignez vos talons et vos gros orteils ? [Oui ou non ?] Équilibrez le poids du corps sur les deux pieds en le plaçant exactement au centre de chaque pied : chargeant également vos talons, vos boules de pieds, les bords internes et externes, vos orteils bien étirés vers l’avant… [ Ça marche ? Idem à droite et à gauche ? ] Maintenant poussez sur vos pieds pour activer et lever vos jambes. Saisissez vos jambes autour des os et montez-les. Saisissez et levez vos hanches. Élargissez et remplissez l’arrière de vos cuisses. Allongez votre sacrum vers le bas, et redressez votre colonne vertébrale lombaire vers le haut. Ouvrez votre poitrine. Déroulez vos épaules vers l’extérieur et vers le bas, allongez vos bras, vos mains et vos doigts. Poussez le sommet du crâne vers le ciel. Les épaules loin des oreilles. Vérifiez si vos talons, vos omoplates et l’arrière du crâne sont dans la même ligne, comme si vous étiez contre un mur. Gardez la tête droite, bien au centre, le menton en ligne avec le haut du sternum. Relâchez la gorge, les mâchoires, la langue, les yeux – gardez le regard au niveau des yeux. Respirez tranquillement, pleinement, sans vous affaisser, sans vous crisper. Là… vous êtes en Tadasana.
C’est comme ça qu’on commence. Un tour du propriétaire où la mobilité et la stabilité s’équilibrent comme deux forces opposées d’intensité égale, dans un mode d’action qui culmine dans la contemplation. Où vous touchez le centre de l’espace, au cœur duquel vous existez, respirez, et embrassez tout l’espace environnant. A partir de là, la pratique peut commencer. Là où vous vous situez, être souple ou pas, n’est pas la question. Il n’y a là plus aucune question ni enjeu. N’est-ce pas ?