B.K.S. Iyengar a réinventé l’approche posturale et redonné au corps ses lettres de noblesse : celle d’un instrument susceptible de sublimité, de divinité. Si, pour lui, la posture peut devenir une prière vivante, c’est que la conscience peut s’étendre jusqu’aux confins de notre espace interne, comme des rayons de lumière. Il a porté la pratique posturale à un degré de précision technique sans pareil, tout en lui donnant la dimension d’exercice spirituel, où l’asana devient un instrument de connaissance et de transformation de soi.
Pour amener le corps à un alignement correct, vous devez travailler avec le corps entier. Pour amener le corps entier à un alignement correct, vous devez travailler une à une chaque partie du corps. Dans la posture, aucune partie du corps ne doit être gardée inerte.
Le but de toute pratique d’asana est d’être accomplie à partir du centre de votre être, et de se prolonger de façon dynamique jusqu’à la périphérie de votre corps. Quand vous vous étirez, la périphérie, à son tour, renvoie des messages au centre. De la tête aux pieds, vous devez trouver votre centre, et à partir de ce centre, vous devez vous étirer et vous étendre en longueur et en largeur… L’extension est attention et l’expansion est éveil, comme je le dis souvent. Il s’agit d’amener cette attention et cet éveil jusqu’aux extrémités du corps et d’activer la peau.
L’expansion horizontale et l’extension verticale doivent se synchroniser de sorte que vous vous étiriez dans toutes les directions. La liberté dans la posture survient lorsque chaque articulation est active.
BKS Iyengar a créé un style aussi bien par sa pratique que par son enseignement. Clarté, précision, vivacité, puissance, stabilité, intégrité sont sa marque de fabrique. S’il est indulgent pour les cas difficiles, il est impitoyable envers ses professeurs. D’un seul froncement de sourcil, il peut mettre en émoi les 300 participants d’une mega class – en particulier les assistants – s’il s’aperçoit qu’à l’autre bout de la salle une de ses instructions vient d’être interprétée de travers. Transmettre est son seul souci. Avec rigueur, finesse, humour et un certain sens théâtral, il sait ménager ses effets pour booster son public et l’amener à une prise de conscience concrète, dans la fluidité de l’instant.
Un maître de yoga n’avait traditionnellement qu’un ou deux disciples, qui partageaient son quotidien. Il en était encore ainsi quand T. Krishnamacharya l’a initié. Avec plus de 2000 professeurs certifiés dans le monde (dont une centaine en France), BKS Iyengar a formé plusieurs milliers d’élèves sur chaque continent, dont la plupart ne l’ont jamais rencontré. Si les modes de transmission ont évolué, l’enseignement circule toujours de bouche à oreille, et de personne à personne, à travers une relation vivante, où celui qui apprend le plus n’est pas toujours l’élève…
«Grâce à Dieu, j’ai pratiqué, enseigné et continué à apprendre de ma propre pratique, jour après jour, pendant ces soixante dernières années. L’inertie ne s’est pas installée dans ma pratique. J’aime explorer profondément la caverne de mon corps. Ceci parce que mon esprit s’emploie à étudier pendant que je pratique. Je ne pratique pas pour pratiquer. Je pratique dans le seul but d’en apprendre davantage. Je continue d’apprendre pour savoir comment, lorsque je fais quelque chose, je pourrais encore améliorer ce que je fais déjà. J’utilise le présent pour construire ma pratique future, et en même temps, je laisse tomber le présent à mesure qu’il passe. Ma pratique m’inspire de rechercher dans mon propre travail, de façon à pénétrer plus avant et à pousser ma recherche toujours plus loin.» BKS Iyengar